Parler voyage
sans polariser

Pour un discours autour du voyage de demain plus rassembleur

Décarboné, moins fréquent, plus longtemps, le voyage de demain a gagné le cœur d’une frange de la population française qui voyage énormément, plus ou moins séduite par nos arguments écolos, ayant les moyens culturels et financiers d’accéder aux alternatives.

Qu’il s’agisse de pointer du doigt l’avion ou de limiter le nombre de vols/voyages par personne comme l’a proposé Jean-Marc Jancovici, ces propositions et arguments se révèlent clivants pour une grande partie de l’opinion publique.

 🔎 Rappel - les chiffres clés du voyage en France : 

Nous proposons ici quelques pistes pour bâtir de nouveaux discours qui puissent toucher une plus large part des Français et apaiser les principales tensions que génère le débat autour du voyage de demain, parmi lesquelles :

  1. Accessibilité : des transports décarbonés coûteux qui excluent une partie de la population française.

  2. Allongement du temps de transport : perçu comme incompatible avec des courts séjours et les 5 semaines de vacances légales.

  3. Renoncement à l’avion : de la pression “écolo” à l’inacceptable perte de liberté.

  4. Voyage près de chez soi : tension entre injonction écologique et renoncement à découvrir le monde.


1. Accessibilité : des transports décarbonés coûteux qui excluent une partie de la population française.

Argument actuellement utilisé :
“... il suffit de privilégier les transports décarbonés, comme le train ou le voilier…”

Tensions générées :

Propositions :

  • Mentionner systématiquement “pour ceux qui en ont les moyens” à l’évocation d’alternatives coûteuses comme le train, le voilier, le ferry. 

  • Communiquer des bons plans pour trouver des voyages en train moins chers (Tic Tac Trip, comparateur Trainline, Train scanner, billets de TER moins chers que le TGV et réductions régulières proposées par les départements et régions).

  • Mettre en avant d’autres pratiques plus économiques telles que le bus, le stop et le covoiturage.


2. Allongement du temps de transport : perçu comme incompatible avec des courts séjours et les 5 semaines de vacances légales.

Argument actuellement utilisé :
“... non mais le transport ça fait partie du voyage ; faut juste accepter de faire 36h de train pour arriver sur place…”

Tensions générées :

Propositions :

  • Poser l’argument de manière contextuelle, plutôt dans le cadre des grandes vacances (3 semaines minimum).

  • Éviter d’y faire référence pour les courts séjours.

  • Etablir un ratio qui semble acceptable (ex : 10% des jours congés alloués au temps de transport, soit 1,5 jours pour 2 semaines ; 2 jours pour 3 semaines).

  • Mettre en lumière les (trop rares) entreprises qui offrent des jours de congé supplémentaires aux salariés qui voyagent décarboné (ex : Ubiq).

  • Souligner que prendre l’avion ne se résume pas au temps du vol mais qu’il faut compter l’attente, l’embarquement, la douane, l’accès à l’aéroport le plus souvent excentré des villes.


3. Renoncement à l’avion : de la pression “écolo” à l’inacceptable perte de liberté.

Argument actuellement utilisé :
“... .. il ne faut plus prendre l’avion pour réduire notre bilan carbone…”

Tensions générées :

Propositions :

  • Eviter d’interdire.

  • Mettre en perspective les chiffres sur l’avion : En ne prenant pas l’avion, j’évite… (cf. nos ordres de grandeur).

  • Remplacer “bilan carbone”, concept ni utilisé, ni compris par une partie de la population, par d’autres termes plus accessibles (ex : environnement ou pollution).


4. Voyage près de chez soi : tension entre injonction écologique et renoncement à découvrir le monde.

Argument actuellement utilisé :
“... le voyage, il est au bout de la rue, il faut redécouvrir la France…”

Tensions générées :

Propositions :

  • Parler de nos expériences vécues, raconter notre cheminement qui nous a mené à mettre de côté l’avion : “Avant je faisais ça, et je me suis rendu compte que je ne rencontrais pas les gens, et maintenant j’ai compris que....” .

  • Valoriser le fait que l’ouverture culturelle ne rime pas nécessairement avec voyage.

  • Assumer qu’il est vrai que l’on ne verra pas la même chose en France, mais qu’il existe des alternatives pour se dépayser en France et en Europe (ex : rapprochement photographique entre paysages de France vs. merveilles du monde).